Le sexisme hostile: une infime partie de l’iceberg !

« Il faut surmonter le désintéressement social face aux inégalités entre les femmes et les hommes sous prétexte qu’ici c’est mieux qu’ailleurs ! »

Madame Francine Descarries

C’est sur cette phrase de Madame Francine Descarries, sociologue et professeure au Département de sociologie de l’UQAM et codirectrice du RéQEF, que les deux années du projet Sexisme, pas ici se sont clôturés lors de la tenue du webinaire « La fin du sexisme, j’y crois » tenue le 8 juin dernier. Une activité gratuite offerte à toutes et à tous via la plateforme Zoom qui proposait un panel d’invitées exceptionnelles dont Madame Francine Descarries mais aussi Madame Rachel Chagnon, professeure du département des sciences juridiques à l’UQAM et directrice de l’IREF et Madame Rania Aoun, enseignante universitaire et chercheure à l’UQAM et membre de l’IREF et du RéQEF. Un événement qui a laissé les participant.es sur leur faim puisque deux heures sur le sujet ce n’est clairement pas assez.

Les échanges orchestrés sous l’animation de Mia Guillemette, agente de projet de la TCMFCQ ont permis d’élargir la vision du sexisme et comprendre en partie pourquoi cette discrimination reste difficile à faire disparaître même en 2021.

« L’illusion de l’égalité fait en sorte qu’on banalise le sexisme. Ce n’est pas un manque de volonté ou une adhésion intentionnelle à une conception sexiste de la société. Mais nous sommes les héritières et les héritiers de 100 ans d’histoire et on porte en nous les représentations, les idées, les préceptes, les normes qui ont toujours été discriminants à l’égard des femmes. [Le sexisme] c’est trop ancré dans nos cultures et nos façons de faire et aussi dans nos propres façons de se concevoir en tant que femmes. »  Précisera Madame Francine Descarries lors de la soirée.

Madame Rania Aoun

Selon Rania Aoun, il y a un avancement dans la lutte au sexisme, mais malgré tout, le sexisme s’adapte et évolue selon les époques et les sociétés. Effectivement, ce qui est perçu comme sexiste à une époque et pour une communauté ne le sera pas nécessairement pour un autre moment et pour une autre communauté. Encore aujourd’hui, dans la publicité, le concept pour vendre une voiture a changé mais sous-entend une « incompétence » de la femme avec sa conduite automobile.

« On voit des femmes dans les publicités de voiture, mais les voitures sont très bien équipées (stationnement automatique, écran qui aide les femmes à conduire) et on parle de voitures intelligentes et non de femmes intelligentes pour conduire la voiture ».

Madame Rachel Chagnon

Sur le plan juridique, Rachel Chagnon explique qu’effectivement « le droit est le reflet d’une grande évolution sociale. Quand on regarde depuis les années 50 et 60, une femme mariée ne pouvait pas acheter une maison même en copropriété avec son mari. C’est en 1964 qu’on a reconnu que les femmes mariées avaient la majorité légale. Mais dans la pratique, exemple dans les milieux bancaires, cette égalité a été reconnue 30 ans plus tard. » Cependant, il y a une différence notable entre la loi, le droit et les personnes qui mettent en œuvre ces lois.

Ces personnes « arrivent dans la mise en œuvre du droit avec leur vision, limites, préjugés et ça contribue à maintenir le droit dans une certaine mesure dans une reconnaissance implicite, un certain statu quo et où on ne reconnaît pas les mêmes capacités entre les hommes et les femmes. Quand le statu quo devient trop en tension avec le désir d’une portion de la population, c’est là que des événements comme #metoo prennent de l’ampleur. Même si le droit peut évoluer et nous aider à évoluer. Le changement ne vient pas par le droit en premier. »

Le sujet est complexe et dépasse la forme hostile bien connue dans le quotidien. Antiféminisme, masochisme, misogynie et sexisme interagissent dans un seul but maintenir un système patriarcal et imposer des rôles prédéfinis aux femmes et aux hommes. D’ailleurs, Madame Francine Descarries, explique brièvement le tout lors du webinaire.

Une question persiste et une certaine impuissance existe face à ces gestes et mots discriminatoires, comment peut-on participer à enrayer le sexisme ?

Mesdames Descarries, Chagnon et Aoun s’entendent pour nommer le sexisme au quotidien, trouver des allié. es pour se sentir moins seul dans les différents milieux, faire de l’action politique, voter pour des partis politiques qui ont vraiment intégré les valeurs d’égalité dans leurs pratiques et plateforme. Porter une attention particulière au plan économique des femmes et sur l’enjeu de l’intimité pour briser les « patterns » qui perpétuent problèmes que l’on constate actuellement dans les relations intimes. Sensibiliser au point de vue sémiotique et jouer sur la rhétorique afin de bien utiliser les mots, la formulation et la manière de s’adresser aux personnes lors de la sensibilisation et qui ne doit pas attendre le niveau universitaire mais dès le plus jeune âge. Utiliser les aspects législatifs comme les codes de déontologie qui régissent certains comportements envers les femmes en publicité. Il faut surmonter le désintéressement social face aux inégalités des femmes et des hommes sous prétexte qu’ici c’est mieux qu’ailleurs. Il faut apprendre à répliquer et à réagir aux expressions du sexisme et remettre en cause la division sexuée de la société et les clivages qu’elle induit et continuer de lutter pour l’élimination des croyances, normes et stéréotypes qui structurent les institutions mais aussi nous-mêmes et qui rend possible les différentes formes de discrimination que subissent toutes les femmes.

« Les avancées disent que ça marche les luttes mais il faut continuer les luttes même si ça va mieux ici qu’ailleurs ! »

D’ailleurs, même si le projet se termine le 30 juin, les outils restent disponibles sur le site Internet du projet afin de poursuivre la lutte contre le sexisme.

  1. La vidéo complète du webinaire « La fin du sexisme, j’y crois ! » sur notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=T3OqC1NaCk4
  2. Les capsules vidéo animées et celle de Silvi Tourigny : https://brigadespi.com/video/
  3. L’œuvre artistique collective pour exposer dans vos milieux : https://brigadespi.com/outils/
  4. La lettre d’engagement antisexisme est son guide d’accompagnement Agir contre le sexisme : un enjeu d’égalité : https://brigadespi.com/la-lettre-dengagement-antisexisme-et-son-guide-daccompagnement/ (plus de détails dans un autre article)

Ces deux années d’activités n’auraient pu être possible sans le support financier du Secrétariat à la condition féminine du Québec, sans l’apport des partenaires membres du comité de pilotage : Services intégrés pour l’emploi, la Collective des femmes de Nicolet et région, la MRC d’Arthabaska et le diocèse de Nicolet. De plus, la participation et la réalisation n’auraient pu être possibles sans les participantes et participants aux activités du projet et sans la confiance de l’équipe de travail et administrative de la TCMFCQ.

Publié par Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ)

La TCMFCQ est un regroupement féministe voué à la défense collective des droits. Reconnue comme l'instance régionale en matière de condition féminine, elle agit dans plusieurs domaines qui touchent aux conditions de vie des femmes. Les valeurs défendues par la TCMFCQ sont l'égalité, l'équité, la solidarité et la justice sociale. NOTRE MISSION La Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) a pour mission première de travailler à l'amélioration des conditions de vie des femmes en étant un lieu de réflexion et d'action tourné vers le changement. HISTORIQUE La Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec est née officiellement en mai 1998, de la volonté commune des groupes de femmes du Centre-du-Québec. Les groupes ont alors réaffirmé l'importance d'un tel regroupement pour défendre les droits et intérêts des Centricoises. En octobre 1998, la TCMFCQ débutait officiellement ses activités.

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