Le sexisme de la Révolution tranquille

Source: https://www.lapresse.ca/societe/2020-12-29/le-sexisme-de-la-revolution-tranquille.php / Mathieu Perreault – La Presse

PHOTO FOURNIE PAR LE PENSIONNAT DU SAINT-NOM-DE-MARIE
Classe du collège classique au pensionnat d’Outremont en 1956-1957

Un article paru le 29 décembre 2020 dans La Presse et écrit par Mathieu Perreault, explique le changement « radical » à la tête des écoles. Alors que des « centaines de femmes, des religieuses dirigeaient les écoles et les hôpitaux […] la laïcisation les a remplacées par des hommes, le reléguant à un rôle secondaire. » Un constat émis par plusieurs historiens et sociologues et cela depuis 40 ans.

Selon l’auteur, c’est avec la Révolution tranquille que la formation offerte aux professeurs du primaire et secondaire a été confiée aux Universités.

 « Les religieuses qui dirigent les écoles normales et y enseignent sont renvoyées à l’enseignement. Et les religieux des écoles normales se font offrir des postes à l’université. On lit dans les témoignages celui d’une directrice d’école normale qui se retrouve à enseigner en troisième année. » Et pourtant, les religieuses ont fait d’énormes efforts pour être à la fine pointe de la pédagogie. « Elles ont 71 doctorats, 265 maîtrises, 1165 licences, énumère Mme Dumont. Leurs ordres les envoyaient étudier en Europe, aux États-Unis. Et on prétend qu’elles ne sont pas compétentes. » Un tabou entoure toutefois la question. « Les religieuses disent les choses à mots très couverts. Elles ont un charisme de service, il ne leur viendrait pas à l’idée de se plaindre de l’injustice dont elles sont victimes. Les directeurs d’école et les syndicats s’unissent pour leur montrer la porte. »

  Micheline Dumont, historienne émérite de l’Université de Sherbrooke qui a été l’une des premières à décrire le sexisme de la Révolution tranquille envers les religieuses.

Le but de ces changements étaient, entre autre, de laïciser le Québec. Cependant, les religieux étaient vu avec plus de respect et ont pu garder leur poste. Par contre, par moment, l’État fait appel à nouveau aux religieuses pour gérer des problèmes dans les nouvelles polyvalentes.

« À la polyvalente Jeanne-Mance, on doit demander à une religieuse des Saints Noms de Jésus et de Marie de redresser la situation après que la direction laïque s’en révèle incapable, dit Des religieuses de l’école de musique Vincent-d’Indy sont sollicitées pour redresser le Conservatoire de Rimouski. On s’attendait à ce que les religieuses prennent leur retraite ou démissionnent, mais parfois on a besoin d’elles. »

Dominique Laperle, professeur au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie (PSNM) à Outremont et auteur d’une biographie du PSNM publiée à son centenaire en 2005.

À la tête des hôpitaux

Le même constat se fait aussi dans les milieux hospitaliers qui étaient à prime à bord tenues par des religieuses.

« Quand le gouvernement a décidé de donner un salaire aux religieuses qui dirigeaient des hôpitaux laïcisés, des hommes, et quelques femmes, sont arrivés pour avoir ce salaire et les remplacer,  je commençais à l’époque. […] Les esprits qui arrivaient au C.A. n’avaient plus les valeurs de respect du patient, mais des idéologies politiques, économiques et syndicales. On venait de construire deux maisons pour les religieuses qui travaillaient avec les patients, elles ont toutes dû abandonner les patients, on a vendu les maisons. »

– Soeur Claire Houde, des sœurs de la Providence, qui a été témoin de la cession de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu, aujourd’hui Louis-Hippolyte-Lafontaine, en 1973.

Selon Marie-Claude Thifault de l’Université d’Ottawa, ce ne sont pas uniquement les religieuses qui écopent.

« À Albert-Prévost, on montre la porte à Charlotte Tassé, une infirmière qui était directrice générale. Les jeunes psychiatres qui ont des ambitions politiques, qui vont devenir ministre comme Camille Laurin, ne tolèrent pas les femmes. Ils disent que les religieuses ne veulent pas avoir des soins modernes, mais elles réclament depuis longtemps les fonds pour faire les réformes qui finalement sont financées dans les années 70, les cliniques externes, par exemple. C’est la même chose à Sainte-Justine, les femmes laïques qui dirigent depuis la fondation se font tasser. On a accepté la compétence féminine quand elle était anonyme et gratuite, mais dans l’administration des hôpitaux, on ne semble pas accepter qu’elle soit associée à un salaire de cadre. C’est une entreprise généralisée pour mettre les femmes en état d’autorité à la porte. 

Marie-Claude Thifault de l’Université d’Ottawa

Rétrogradation et vocations

Les chercheuses affirment que la « crise » des vocations auraient été moins grave si les religieuses avaient pu continuer à jouer un rôle dans les écoles et les hôpitaux, comme le précise l’auteur de l’article.

On leur a enlevé leur rôle social. Des fois, c’était pour avoir une carrière, un rôle social, autant que par foi catholique. Quand on enlève ces possibilités de fonction sociale, ça devient moins intéressant.

Mesdames DUmont, Thifault et Charles

Malgré la modestie inculqué aux jeunes femmes, une conception unique des relations entre sexes, celles-ci pouvaient donner l’impression d’être rétrograde. Cependant, elles restaient des modèles de femmes qui enseignaient la sciences.  » Des modèles inspirants » selon Louise Bienvenue de l’Université de Sherbrooke.

Depuis, les collèges classiques féminins ferment mais pas ceux des religieux qui deviennent des cégeps.

En chiffres

55 %

Proportion de femmes à la direction d’écoles primaires au Québec en 1960

33 %

Proportion de femmes à la direction d’écoles primaires au Québec en 1980

Source : Recherches féministes

Une version antérieure de ce texte indiquait que le cégep Maisonneuve était auparavant un collège classique féminin, il s’agissait plutôt du cégep de Rosemont; et ne donnait pas assez de détails sur l’origine du cégep Ahuntsic. Nos excuses.

Pour lire l’article complet: https://www.lapresse.ca/societe/2020-12-29/le-sexisme-de-la-revolution-tranquille.php

Publié par Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ)

La TCMFCQ est un regroupement féministe voué à la défense collective des droits. Reconnue comme l'instance régionale en matière de condition féminine, elle agit dans plusieurs domaines qui touchent aux conditions de vie des femmes. Les valeurs défendues par la TCMFCQ sont l'égalité, l'équité, la solidarité et la justice sociale. NOTRE MISSION La Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec (TCMFCQ) a pour mission première de travailler à l'amélioration des conditions de vie des femmes en étant un lieu de réflexion et d'action tourné vers le changement. HISTORIQUE La Table de concertation du mouvement des femmes Centre-du-Québec est née officiellement en mai 1998, de la volonté commune des groupes de femmes du Centre-du-Québec. Les groupes ont alors réaffirmé l'importance d'un tel regroupement pour défendre les droits et intérêts des Centricoises. En octobre 1998, la TCMFCQ débutait officiellement ses activités.

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