
On retrouve le sexisme, même dans la méthodologie scientifique des archéologues. Celui-ci contribue à d’importantes erreurs dans l’analyse de certaines tombes. La vidéo ci-dessous explique en détail la problématique.
Si vous ne voulez pas regarder la vidéo au complet, je vous mets un petit résumé des grandes lignes ci-dessous.
La vidéo reprend une étude de Chloé Belard en 2014 qui démontre que les schémas traditionnels d’interprétation sont encore très présents actuellement dans la méthodologie scientifique des archéologues. Pour démontrer la problématique, elle a travaillé sur l’exemple des complexes funéraires de l’âge de Fer (6e et 3e siècle avant notre ère) en Champagne. Particulièrement sur les tombes de femmes. Ce terrain d’étude est utilisé pour montrer pourquoi ces anciennes méthodes traditionnelles ne fonctionnent pas et induit les scientifiques en erreur. Elle propose, d’ailleurs, une nouvelle méthode qui a pour but de se débarrasser des clichés qui créent ces erreurs.
La méthode traditionnelle provient du 19e siècle. Elle consiste à analyser les objets qui sont enterrés avec le défunt dans la tombe et on vérifie si les objets sont connotés féminins ou masculins pour déterminer le sexe du défunt. Pour les archéologues, les objets sont les items importants pour les collections et les musées. Ces objets sont interprétés avec le prisme des auteurs gréco-romains qui définit le modèle de pensées universel. Dans cette optique, on peut prendre l’exemple qu’un homme est un guerrier, il est chef de famille alors que les femmes sont toujours représentées comme un groupe homogène est présenté comme la fille de, la mère de. Et cela pour tous les peuples.
Donc, par défaut, dans la tombe d’un homme, il devrait y avoir des armes et dans celle de la femme, des bijoux.
Cependant, dans la réalité, il est possible de retrouver dans les tombes des armes et des bijoux. Il existe aussi des tombes de femme sans parures et des tombes d’hommes sans armes !
La méthode est mauvaise puisqu’elle suppose que le principe pour différencier les hommes et les femmes est intemporel, naturel et constant d’un peuple à l’autre.
Les études de genre (Gender studies)
Tout d’abord, définissons quelques termes qui seront importants pour comprendre la proposition de la nouvelle méthodologie pour l’analyse de Madame Chloé Belard.
Les études de genre, c’est l’étude de ce qui fait les caractéristiques de chaque genre dans la société. Il y a une différence entre le sexe biologique et le sexe social.
Le sexe biologique est défini par une série de critères physiques et génétiques.
Le sexe social (le genre) ce sont toutes les caractéristiques qu’on attribue dans les pratiques et les représentations à ce sexe biologique.
Cependant, il est faux de croire qu’il y a toujours une correspondance entre le sexe biologique et le sexe social (le genre). Effectivement, le genre est une représentation générale, mais qui bouge dans le temps et l’espace. La biologie conditionne nos définitions du féminin, du masculin et les rôles sociaux qui vont avec, alors que tout cela est culturellement construit.
Pour les féministes, les études de genre prouvent que ces catégories de sexe social (genre) ne sont pas fixées et sont intemporelles. Les rapports de genre aussi changent.
FEMMES DE POUVOIR
De plus en plus d’études confirment que certaines femmes auraient eu un rôle politique. L’archéologie en France serait relativement en retard sur les études de genre. Alors que la Scandinavie, cette méthodologie d’analyse est utilisée depuis les années 1980.
D’ailleurs, certaines découvertes importantes, basées sur l’ancienne méthodologie ont induit les chercheurs en erreur. Le Viking de Birka, entre autres, qui a révélé être la découverte d’un grand chef de guerre viking selon la méthode traditionnelle. Cependant, le squelette a pu être analysé à partir de prélèvement d’ADN et il en résulte que le squelette appartenait à une femme. Une grande guerrière viking !!!
QUELQUES DONNÉES AU SEIN DU MONDE ARCHÉOLOGIQUE
- Seulement 37 % des postes de professeurs sont occupés par des femmes (63 % des hommes)
- Les femmes sont moins citées, moins invitées aux colloques et publient moins que les hommes.
- 3/4 des femmes interrogées et qui travaillent sur un site de fouille archéologique ont été harcelées sur un site.
PLUS D’INFORMATIONS
Le documentaire complet sur Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=uyLtatXVvQQ&feature=youtu.be
La thèse de Chloé Belard : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-…
Articles de Laura Mary sur le féminisme et les études de genre en archéologie : https://simonae.fr/sciences-culture/s…https://simonae.fr/sciences-culture/s…
Les remises en cause de ce que j’ai coupé dans la vidéo (après publication) : sur le dimorphisme sexuel causé par la malnutrition et sur les travaux de Catherine Vidal : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/p…http://www.lscp.net/persons/ramus/doc…